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Présentation de l’une des sociétés de séquençage et de diagnostic génomiques les plus dynamiques au monde.

Photoraphie Karolina Kołodziejczak

Par Olivier de MAISON ROUGE – Avocat (Lex-Squared), Docteur en droit
Dernier ouvrage paru : « Survire à la guerre économique. Manuel de résilience », VA Editions, 2020
et Terry ZIMMER – Responsable OSINT/Analyse/Influence (Rempart International)
et Enseignant
Dernier ouvrage paru : « Le renseignement humain à l’ère numérique », VA Editions, 2018

Les données de santé sont actuellement parmi les plus prisées.

Si elles intéressent, sans doute est-ce parce qu’elles sont les plus sincères, les moins anonymisées et surtout les moins modifiables. En effet, on peut falsifier un numéro bancaire, on peut annuler un paiement en ligne, on peut modifier des pseudonymes et des codes d’accès, mais les données de santé sont pour la plupart irrévocables à l’instar du numéro de sécurité sociale (NIR), qui se trouve être le sésame de nombreuses portes auprès des services d’allocations sociales notamment.

C’est aussi une connaissance profonde des données humaines les plus sensibles : taille, poids, sexe, affections et pathologies, risques médicaux etc.

A l’heure où la souveraineté numérique est dans toutes les bouches – à défaut de se traduire toujours en actes – il conviendrait, en cette période de crise sanitaire, de se soucier du sort de nos données de santé, dorénavant la proie des cyberdélinquants, des « big tech » mais aussi de certains Etats.

A cet égard, dans un rapport en date du 22 février 2021, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) fait un constat sévère et non moins amer sur « l’état de la menace cyber sur les établissements de santé ».

En effet, les praticiens comme les hôpitaux détiennent des données de santé particulièrement sensibles qui font l’objet de convoitise par des acteurs frauduleux liés à la cybercriminalité. La période du Covid-19 n’a pas fait exception à la règle, bien au contraire[1]. Les hôpitaux de Caen (avril 2020), Dax (février 2021), Albertville (décembre 2020) et Oloron-Sainte-Marie (mars 2021) et bien d’autres encore ont été paralysés ; d’autres le seront très certainement encore dans un bref avenir.

Déshabillez-vous !

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Les 16 préceptes du « Shokuke kokoroenokoto », le code de conduite de la plus vieille entreprise du monde.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Osaka_Castle_Keep_Tower_in_201504_001.JPG#globalusage

Le Japon compte plus de 33 000 entreprises avec au moins 100 ans d’histoire, soit plus de 40 % du total mondial. Plus de 3 100 fonctionnent depuis au moins deux siècles. Environ 140 existent depuis plus de 500 ans. Et au moins 19 prétendent avoir fonctionné en continu depuis le premier millénaire.

Elles sont appelées « Shinise » et sont à la fois une source de fierté et de fascination.
Certaines sont connues comme Nintendo qui a commencé à fabriquer des cartes à jouer il y a 131 ans.

http://www.kyotoursjapan.com/blog/2018/5/2/nintendo-kyoto-origins

Ces entreprises peuvent être moins dynamiques que celles d’autres pays mais elles offrent des leçons de résiliences. 

« Si vous regardez les manuels d’économie, les entreprises sont censées maximiser leurs profits, augmenter leur taille, leur part de marché et leur taux de croissance. Mais les principes de fonctionnement de ces entreprises sont complètement différents », di Kenji Matsuoka, professeur émérite de commerce à l’Université Ryukoku de Kyoto. (cf source 1)

« Leur priorité n°1 est de se perpetuer, ajoute-t-il. Chaque génération est comme un coureur dans une course de relais. L’important, c’est de passer le relais. »

« Pour survivre pendant un millénaire, déclare Nomi Hasegawa (propriétaire d’une petite boutique en bois de cèdre qui vend des mochi grillés à côté d’un vieux sanctuaire depuis 1 200 ans), une entreprise ne peut pas se contenter de rechercher des profits. Elle doit avoir un but plus élevé. Dans le cas d’Ichiwa, c’était une vocation religieuse : servir les pèlerins du sanctuaire. »

Ce genre de valeurs fondamentales, connues sous le nom de « kakun », ou préceptes familiaux, ont guidé les décisions commerciales de nombreuses entreprises à travers les générations. Ils prennent soin de leurs employés, soutiennent la communauté et s’efforcent de fabriquer un produit qui inspire la fierté.

Avant sa liquidation, Kongō Gumi était la plus ancienne société en activité continue au monde. Entreprise familiale de charpentiers, spécialisée dans la construction de temples bouddhistes, elle fut fondée au Japon un siècle à peine après la chute de l’Empire romain, elle a survécu aux changements extrêmes de la culture, du gouvernement et de l’économie du Japon, préservant les techniques de construction traditionnelles et les valeurs familiales pendant plus de 1 400 ans. (cf source 2 et 4)

Photo : Asanuma, Département des chemins de fer

Conséquence indirecte de la bulle immobilières qu’a connue le Japon dans les années 1980, la compagnie n’a jamais pu se remettre du prix du terrain qu’elle acheta au cours de ces années. Ses actifs furent rachetés par Takamatsu Corporation.
Le dernier président fut Masakazu Kongō, le 50e Kongō à diriger la firme.

Le 32e chef de l’entreprise, Yoshisada Kongō, écrivit des préceptes pendant la période Meiji intitulé plus tard Shokuke kokoroenokoto ou « connaissance familiale du métier », une liste de 16 préceptes distillés durant le passé et destinés à guider et à préserver les opérations de la famille pour l’avenir. 

Les voici (cf source 3):

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Efficacité du Renseignement et Moyens Financiers: La Courbe de Poutine

J’étais inspiré un soir récemment, j’ai pondu cette courbe.
C’est peut-être bon, c’est peut-être mauvais, je ne sais pas.
Les avis sont les bienvenus en commentaires.

Pour aider à comprendre: elle s’appelle courbe de Poutine car Vladimir Poutine, ancien agent du KGB a dit:

« [à propos des services de renseignement] Nous sommes meilleurs que les Etats-Unis car nous n’avons pas les mêmes moyens financiers qu’eux. Si nous les avions, nous serions aussi mauvais. »

Rappelons aussi Jacques Bergier qui a écrit:

« […] renseignement, lequel n’est vraiment bien manié que par des belligérants qui se sont parfois trouvés en état d’infériorité matérielle et ont dû faire appel à toutes les ressources de leur esprit. »

La Mètis grecque signifie intelligence rusée, celle du bricoleur, du chasseur,…
C’est une forme d’intelligence qui s’épanouit face à la rareté et non à l’abondance.


C’est une courbe qui vise à faire comprendre que l’optimum entre efficacité du renseignement et investissements est atteint plus rapidement qu’on ne le croit.
Nous sommes ici sur les rendements marginaux et non pas les rendements cumulés. En rendements cumulés, la courbe serait croissante (mais de plus en plus plate).
Passé cet optimum, chaque investissement supplémentaire est de moins en moins efficace (phénomène d’entropie, entre autres).

N’hesitez pas si vous avez des remarques ou des critiques.

Deux méthodes perturbatrices selon un chercheur de l’US Army spécialiste de l’IA et des sciences des réseaux

Le capitaine de l’armée américaine Iain Cruickshank est titulaire d’un doctorat et chercheur en informatique sociétale à l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh.
Ses affectations précédentes comprenaient la compagnie D, le 781st Military Intelligence Battalion (Cyber), et la responsabilité de la planification, de l’analyse et de la production d’une équipe de mission nationale dans la Cyber ​​National Mission Force.
Il est également membre actif du groupe de recherche CASOS (Center for Computational Analysis of Social and Organizational Systems). Il utilise l’apprentissage automatique et la science des réseaux pour étudier les phénomènes politiques et criminels, y compris les comportements de vote et les délits liés à la cyber-médiation.

Dans un article publié le 20 février 2020 sur le site War on the Rocks intitulé l’ABC de l’analyse du renseignement grâce à l’intelligence artificielle (excellent document, simple, synthétique et qui pose quasiment tous les enjeux), Iian Cruickshank identifie deux méthodes perturbatrices.

L’apprentissage automatique contradictoire

Cela consiste à apprendre à tromper les algorithmes d’apprentissage automatique afin qu’ils fassent de mauvaises prédictions.
« Cette technique peut être appliquée pour diverses raisons, la plus courante étant d’attaquer ou de provoquer un dysfonctionnement dans les modèles d’apprentissage automatique standard. »

Un exemple, une étude du Tencent Keen Security Lab publiée en mars 2019 montre qu’il était possible, en déposant des petits autocollants sur les routes, de tromper le système d’autopilotage de Tesla et de l’envoyer sur la voie de circulation opposée.

https://keenlab.tencent.com/en/2019/03/29/Tencent-Keen-Security-Lab-Experimental-Security-Research-of-Tesla-Autopilot/

Autre exemple, « des chercheurs de la KU Leuven ont mis au point un modèle capable de mystifier un détecteur de personnes. En portant autour du cou un petit panneau en carton où figure ce modèle, vous pourriez vous rendre invisible à une caméra de surveillance intelligente. »

 © Simen Thys, Wiebe Van Ranst, Toon Goedemé

Voici un excellent article qui introduit l’apprentissage automatique contradictoire –>
https://blog.floydhub.com/introduction-to-adversarial-machine-learning/

La production de données artificielles ou synthétiques crédibles

L’analyse de données est intéressante si elle se base sur un grand nombre de
données (les mégadonnées). C’est d’autant plus intéressant également si
l’algorithme peut s’entrainer beaucoup sur ces données. Or ces bases contiennent énormément de données sensibles comme des informations personnelles. Le respect de la vie privée et son bagage juridique peut freiner la recherche.

C’est pourquoi, en 2017, des chercheurs du MIT ont créer de faux ensembles de données à partir de vrais. L’objectif était de permettre l’analyse des données sans se soucier que des informations personnelles sensibles deviennent publiques tout en maintenant un apprentissage des algorithmes efficace.

La production de ces données synthétiques ne se cantonnent pas au domaine de la recherche.

Une intelligence artificielle crée des visages ultraréalistes de personnes qui n’existent pas.
Ces visages, générés automatiquement, ne sont pas des vrais. thispersondoesnotexist.com

En Inde, les deepfakes s’invitent déjà dans les campagnes électorales
En créant deux vidéos deepfakes de sa propre initiative, un candidat à une élection de Delhi (Inde) a pu adresser un message aux électeurs en trois langues différentes. Un moyen de s’adresser au plus grand nombre, même sans parler leur langue.
Des chercheurs développent une IA qui génère et détecte des fake news
L’institut explique : «Notre étude présente un résultat surprenant : le meilleur moyen de détecter les fake news neurales est d’utiliser un modèle qui est également un générateur. Le générateur est plus familier de ses propres habitudes, ses bizarreries et ses caractéristiques, ainsi que ceux de modèles d’IA similaires, en particulier ceux formés à partir de données similaires, c’est-à-dire des informations accessibles au public. Notre modèle, Grover, est un générateur capable de repérer facilement ses propres faux articles d’actualité, ainsi que ceux générés par d’autres IA. »

L’intérêt militaire est vite identifiable  

En effet, il peut être très dangereux qu’un ennemi nous alimente en données qui semblent parfaitement crédibles mais qui sont totalement fausses.
C’est pourquoi il faut comprendre le phénomène et mettre en place des contre-mesures.
A l’inverse, il peut être très intéressant d’alimenter son ennemi en données synthétiques pour le tromper, l’intoxiquer, le noyer sous les données, …

B. Biggio, G. Fumera, and F. Roli. « Security evaluation of pattern classifiers under attack ». IEEE Transactions on Knowledge and Data Engineering, 26(4):984–996, 2014.

Cela nous place sur un champ de bataille techno-socio cognitif en croissance exponentielle.

La nouvelle arme compatible avec l’IA : des photos de la Terre « truquées »


AP / AHN YOUNG-JOON 

Pour mieux comprendre l’aspect technique de cette bataille, voici un article intéressant.

Pour finir, voici la conclusion de l’article de Iian Cruickshank :

L’environnement opérationnel auquel sont confrontés les analystes du renseignement subit une numérisation accélérée. En tant que tels, les analystes et les organisations de renseignement militaire sont confrontés à de nouveaux problèmes de volume de données, de vitesse et de véracité qui nécessitent une modernisation complète des organisations de renseignement militaire. En particulier, les forces armées ont besoin d’outils et d’infrastructures centrées sur les données pour les unités de renseignement, de formation d’analystes du renseignement sur les compétences en matière de traitement des données numériques et de recherches par des organismes de recherche du renseignement militaire sur l’impact et l’atténuation de l’apprentissage automatique contradictoire et des fausses données numériques.

Bonus

Nous n’avons pas attendu l’intelligence artificielle pour tromper l’ennemi.
Un exemple, l’opération « cape de camouflage » des Nazis: Les autorités hambourgeoises nazies tentèrent en 1941 de tromper les Alliés en érigeant sur l’Alster, entre Jungfernstieg et le pont Lombardsbrücke, une construction à partir de bois, fils de fer et roseaux et un faux pont. L’objectif de cette opération « Tarnkappe »: faire croire aux pilotes des avions de bombardement que le centre de Hambourg était situé plus au nord… une tentative qui échoua très vite puisque la presse anglaise s’empressa de publier les photos du « avant » et du « après »

 

https://www.monhambourg.de/mon-hambourg/10-choses-presque-in-utiles-%C3%A0-savoir-sur-hambourg/