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Intelligence économique, algèbre et botanique

Durant ces derniers jours, un évènement et deux réactions m’ont interpellés:

L’évènement est la condamnation d’EDF à payer une amende d’1,5 millions d’euros à Greenpeace et à un laboratoire de dépistage pour des faits d’espionnage informatique.

Les deux réactions sont respectivement celle de Claude Revel et de Franck Bulinge.

La réaction de Claude Revel, fort louable, est celle que les praticiens de l’intelligence économique ont adoptés depuis que les « affaires » d’espionnage industriel entachent ce secteur (c’est à dire depuis le début): la pédagogie.
L’argumentaire est bien rodé, parfait, toujours plaisant à lire même s’il n’apporte rien de neuf et que nous l’avons lu ou entendu de nombreuses fois par ailleurs (et ce n’est pas grave vu que la cible n’est pas les initiés mais le grand public)… mais là est le problème: ça fait des années que l’on démontre, dans les médias, par A+B que l’intelligence économique n’est pas de l’espionnage industriel mais pour quel résultat ?
Il faut bien admettre que malheureusement nous prêchons dans le désert. Cela devient préjudiciable car, dans notre effort de démocratisation, nous allons bientôt passer autant de temps à expliquer ce que nous ne sommes pas plutôt qu’a expliquer ce que nous pouvons apporter. C’est devenu vain et inefficient.

Le positionnement de Franck Bulinge est, pour moi, beaucoup plus original. L’originalité n’est pas tant sur le message (que j’ai déjà entendu et que je prône moi-même) que sur l’émetteur. Nous avons un chercheur, une personnalité qui a construit sa notoriété et une partie de sa carrière sur cette discipline et qui fait le choix d’évacuer ce terme de son vocabulaire. N’est-ce qu’une posture, ouvre-t-il la voie ou se met-t-il en marge ? L’avenir nous le dira.

Une fois cela dit, qu’elle peut-être la suite ?
Appeler l’intelligence économique autrement comme le propose Franck Bulinge ?
Personnellement (et je peux me tromper), je pense que substituer un terme par un autre ne réglera pas le problème et ce, pour une raison plus profonde que l’amalgame avec l’espionnage industriel: Continuer la lecture de Intelligence économique, algèbre et botanique

Survivance de l’intelligence économique devant l’ambiguïté d’action des pouvoirs publics

Voici un extrait de l’émission Good Morning Business de BFM du 10 décembre 2010. Y était invité Olivier Buquen qui présente la nouvelle politique d’intelligence économique française:

[audio:https://intelligences-connectees.fr/wp-content/uploads/2010/12/20101210_interview_13.mp3|titles=20101210_interview_1]

Ci-dessous le chapitre 2 et la conclusion de la seconde partie de la thèse d’Hélène Masson présentée et soutenue publiquement le 12 décembre 2001.

Bon anniversaire à ce travail:

« Petite histoire de l’Intelligence économique : une innovation à la française »

Nicolas Moinet, directeur de l’excellente formation  en Intelligence Economique de l’ICOMTEC, publie « Petite histoire de l’Intelligence économique : une innovation à la française ».

Il y développe notamment l’idée que l’intelligence économique étant une culture du renseignement, on ne la développera pas contre ses racines mais plutôt en diffusant la culture du renseignement.

Autre idée forte de l’ouvrage, si l’intelligence économique s’est développée dans les années 90 en France, c’est notamment que l’« intelligence » n’avait pas passé l’Atlantique dans les années 70 et 80 avec le discours sur la stratégie d’entreprise. On voit pourtant qu’elle est intégrée chez les anglo-saxons (Aguilar, Ansoff, Wilensky, Porter…). Il faut donc attendre qu’un jeune universitaire, Philippe Baumard (via Steven Dedijer et Robert Guillaumot) importe les morceaux manquants en France et rencontre la culture du renseignement de Christian Harbulot pour que naisse la dynamique du rapport Martre malgré des élites françaises qui ne comprennent pas grand-chose à l’intelligence à l’anglo-saxonne. Puis cela retombe sous Juppé et Jospin et il faut attendre le rapport Carayon (un Député qui vient d’écrire des rapports sur… le renseignement) pour que la machine se relance. Cerise sur le gâteau : Alain Juillet est disponible pour dynamiser l’après-rapport, lui, un homme de renseignement et d’entreprise formé au management dans une université américaine.

Cet ouvrage a été parrainé par l’Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice (INHESJ) et vous pourrez vous le procurer ici: http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=30875

Ci-dessous un extrait de l’ouvrage sur les journalistes et l’IE.

Extrait:

« 

Dans un article intitulé « Barbouzes ou managers ? » (Ecographie, 2006), Sophie Lemaire, une future journaliste alors en fin d’études au Centre de Formation des Journalistes de Paris, analyse la question de la couverture journalistique de l’intelligence économique. Outre le flou qui règne encore sur la notion, les caricatures seraient notamment le fait d’une trop forte spécialisation des journalistes économiques et d’un manque de moyens des rédactions qui n’ont pas de spécialiste de la question (à l’exception de Pascal Junghans à La Tribune). Sans oublier la peur d’être les victimes de professionnels de l’intelligence économique considérés parfois comme des maîtres de la manipulation.

Interrogé par les apprentis journalistes, Bernard Carayon estime que l’intelligence économique est très mal traitée parce que « les journalistes ne lisent pas. Ils sont soumis à la même pression que les élus, toujours dans l’urgence (…) L’AFP continue de m’interroger sur l’espionnage, ce qui prouve qu’ils ne connaissent pas le sujet et qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir. Le plus souvent, les journalistes se contentent de compiler des dépêches » (Carayon, propos recueillis par Damien Dubuc in Echographie, 2006, p 41). Et d’ajouter cette analyse organisationnelle sur le traitement de l’intelligence économique par les journalistes :

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Hadopi, une arme pour attaquer une personne physique ou morale

Hadopi était une loi périmée avant même sa sortie, inadaptée structurellement de par son champ d’investigation que sont certains réseaux « peer to peer » populaires non cryptés et la preuve réclamée qu’est l’adresse IP, c’est à dire le numéro qui identifie chaque ordinateur connecté à Internet.

Cette loi ne fait que pousser, hors des réseaux « peer to peer », les derniers retardataires qui n’avaient pas encore compris que la technologie était dépassée, vers d’autres plus pratiques à l’usage et surtout indétectables car en dehors du champ d’investigation (téléchargement direct via des forums de discussion,…).

Il suffit que son adresse IP soit attachée à une partie d’un fichier au contenu illégal pour mettre la riposte graduée en route. C’est ensuite à la charge de l’internaute de prouver son innocence, seulement après avoir encouru les sanctions.

La preuve par l’adresse IP est suffisante malgré les mises en garde de nombreux experts sur sa fiabilité toute relative. En effet, un utilisateur moyen est capable de falsifier cette adresse.

La loi ne distingue pas les personnes morales des personnes physiques, une entreprise dont l’activité dépend plus ou moins directement d’Internet sera obligé de la cesser. Autre point préoccupant, dans le cadre de l’enquête, les agents d’Hadopi peuvent exiger de consulter les données de connexion, que conservent pendant un an les organismes offrant un accès à internet au public.

Ces deux points peuvent s’avérer problématiques pour un particulier ou une entreprise tant sur le plan économique, que sur le plan de la sécurité informationnelle, la confidentialité ou la vie privée. Mais après tout, on est en droit de se sentir à l’abri lorsque l’on se sait de bonne foi, soit en téléchargeant légalement, soit en bloquant l’accès aux réseaux P2P sur son ordinateur ou sur son réseau d’entreprise.

En réalité, même si avoir ce sentiment de sérénité a toujours été une erreur, la situation risque d’évoluer singulièrement d’ici peu. En effet, pour compliquer le travail des agents d’Hadopi et d’autres, un code de « Torrent Poisoning » circule depuis quelques jours sur le Net. Ce code permet de polluer les réseaux « peer to peer » avec un nombre incalculable de fausses adresses IP. Il se nomme « SeedFuck » (je vous passe la traduction) et a déjà évolué depuis sa mise en ligne,  sous la forme d’une application Web accessible et plutôt simple d’utilisation.

Les fausses adresses crées peuvent être fictives… ou réelles. Et c’est là que le bât va blesser :

Il est techniquement possible de rentrer manuellement des adresses IP préalablement choisies (ce n’est pas très compliqué de les identifier), les attacher à des fichiers illégaux, et les diffuser sur les réseaux « peer to peer ». Ceci dans le but d’attirer des ennuis judiciaires, a tort, aux personnes visées. Rappelons que, conformément à l’article 434-23 du Nouveau Code Pénal, se servir de « SeedFuck » constitue une infraction: « le fait de prendre le nom d’un tiers dans des circonstances qui ont déterminé ou auraient pu déterminer contre celui-ci des poursuites pénales, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende ».

C’est un point de droit qu’il ne faudra pas manquer de communiquer hors de nos frontières…

Ce n’est pas tant comme le suggère Bluetouff que l’on « risque donc, aux premiers envois de mails de se payer de bonnes barres de rire, en retrouvant par exemple les IP de la rue de Valois dans les plus gros téléchargeurs » ou bien les affaires de chantage entre voisins qui m’intéresse.

Ce qui me préoccupe, c’est de savoir comment nous allons réagir face à une loi stupide qui ne règlera pas le problème qu’elle est censée enrailler. Juste stupide et coûteuse jusque maintenant mais dorénavant dangereuse car dans son application normale, elle devient une arme d’attaque subversive contre les entreprises françaises, les décideurs (dirigeants ou politiques),… Et une attaque qui vise à faire punir, à tort, une personne ou une entreprise par l’arsenal juridique de son propre pays, c’est plutôt burlesque. Certains doivent déjà se frotter les mains en gloussant.

Et vous, qu’en pensez-vous ?