Echange avec Cyril Bouyeure, coordonnateur ministériel à l’intelligence économique

Voici un échange atypique auquel a bien voulu se prêter Cyril Bouyeure, coordonnateur ministériel à l’intelligence économique, et je l’en remercie.

Pourquoi atypique ?

Parce qu’ayant rencontré des difficultés à trouver un nombre suffisant de questions pertinentes à lui poser, j’ai sollicité mon réseau de twitternautes afin qu’ils me communiquent leurs questions.

Ils en ressort logiquement un échange un peu décousu, mais d’une grande richesse.

Je ne suis à l’origine que de la première et de la dernière question. Les autres sont les « tweets » non retouchés des contributeurs.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires!

Un grand merci à @nblas, @ant11, @MatAbraz, @webosphere, @AmineDigirep, @Merkapt, @Caddereputation

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Un nouvel emploi ? N’attendez pas pour avoir le réflexe réseau !

Fraichement embauché, muté ou promu dans une autre division. Vous allez, durant les premières semaines, subir le jugement implacable de vos collaborateurs qui vont décider si, oui ou non, vous êtes quelqu’un de fiable ou si vous êtes une malencontreuse erreur de casting. Je ne discuterai pas du degré de rationalité de ce jugement. Je ferai simplement une référence à la célèbre « règle des 4×20 » : les 20 premières secondes, les 20 premiers mots, les 20 premiers gestes, les 20 centimètres du visage. Cette règle peut être étendue  à l’ensemble de l’entité, la rendant certes moins radicale, plus longue et plus complexe, mais toujours pertinente.

C’est durant cette période qu’il faut s’atteler à constituer son réseau.

Mais vous ne vous sentez pas très à l’aise dans un nouvel environnement. Vous aimez prendre vos marques à votre rythme, faire connaissance avec les gens doucement et vous espérez que les choses vont se faire tout naturellement. Dites-vous que si vous avez des difficultés pour la mise en réseau, c’est un peu comme la majorité des gens en fait.

De nombreux cadres investissant leurs postes ne s’ouvrent pas immédiatement et cela peut leur faire perdre l’occasion de réussir précocement. Leur intégration sera plus longue, ils n’auront pas accès à un savoir stratégique, disponible mais informel (informations cruciales sur une proposition importante, une idée séduisante mais qui a déjà échouée par le passé, tel employé qui possède une compétence ou un savoir qui pourra s’avérer utile ultérieurement,…). Les exemples ne manquent pas.

Il faut donc prendre sur soi et mettre en place une stratégie-réseau[1] dès son embauche. Un malheur n’arrivant jamais seul, cette stratégie doit porter non seulement sur son entité, mais aussi sur les partenaires, les clients, les fournisseurs, les institutions, même les concurrents.

Voici donc quelques petits conseils pour vous, les promus et les nouveaux (les autres aussi, car il n’est jamais trop tard pour mettre en place une stratégie-réseau) :

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Veille stratégique : créer une intelligence collective au sein de l’entreprise

Ceux qui m’ont fait le plaisir de suivre  mon ancien blog « Tais-toi quand tu parles! » le savent, j’aime souffler sur les vieux documents pleins de poussière. Je vais continuer cette démarche. Pourquoi ?

Parce que nous,  jeunes gens, avons souvent tendance a penser que nous inventons le monde au travers de nos petits billets. Souvent pertinents, là n’est pas la question, mais généralement partiels ou sommaires (le format blog n’arrangeant pas le problème) face a certains travaux universitaires, ou pas, réalisés parfois il y a un bon nombre d’années.

C’est pourquoi j’aime réhabiliter certains travaux qui,  je le sais, sont peu consultés. Je m’en convainc par la manière dont je les débusque, pleine de sérendipité, donc chronophage. Aux tréfonds d’un site dont la dernière mise à jour  date du 2 janvier 1999,  stockés sur le serveur d’un club de bridge (déjà vu!),…

C’est d’autant plus dommage que ces travaux sont incroyablement riches et qu’ils se suffisent à eux-mêmes. Pas besoin de ressasser, parcelliser, se donner de l’importance en donnant l’illusion qu’on argumente sur des idées neuves. Bref…

Voici un article scientifique qui date d’octobre 1995, écrit par Humbert Lesca et Marie-Laurence Caron.

Il traite de la veille stratégique en partant de l’hypothèse que le dirigeant, seul, contrairement à l’image qu’il veut faire paraitre ou que l’on s’en fait, sait qu’il nage en pleine incertitude.  Face à cette incertitude, l’intelligence collective prend toute sa place. Elle repose, en partie, sur la capacité à recueillir de l’information, mais surtout d’avoir la capacité d’en faire un usage différé, ce qui est le cas de figure le plus commun.

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Il vaut mieux être Ulysse plutôt qu’Achille

Cette semaine, je vous propose un moment avec Monsieur Frederic Caramello qui se présente mieux que je ne pourrais le faire en début d’interview.

Il prête son analyse pleine d’expertise et de bon sens sur les freins à la pratique de l’intelligence économique en France, la place de l’humain dans l’organisation et le calcul (possible ou non?) du retour sur investissement de la mise en place d’une démarche d’IE. Puis nous conclurons sur une touche…épique. N’hésitez pas à laisser vos commentaires!!!

Bonjour Monsieur Caramello, pouvez-vous vous présenter ?

Je vous remercie de m’inviter à m’exprimer sur votre remarquable site qui constitue un formidable observatoire des évolutions sociétales et d’intelligence en cours…
Après quelques décennies de service à différents niveaux ; comme on disait pour certains vétérans des légions romaines : je suis en « congé honorable » (je n’aime pas le mot retraite).
Depuis, hormis ma famille, la course à pied dans les montagnes, et quelques tâches ancillaires, je continue d’apprendre et tente de retransmettre ce que j’ai appris dans le monde de la défense et des armées : je veux dire le renseignement et la sécurité, qu’il convient maintenant d’appeler « intelligence économique ».
Me voici donc en quelque sorte devenu un expert et consultant comme on dit pompeusement ! Actuellement, en compagnie de quelques spécialistes, nous venons de créer une association au profit des PME. Elle offre la prise en compte de l’ensemble du spectre de l’intelligence économique. Connaissant les enjeux, notre « Action-Tank » œuvre en synergie avec la gouvernance régionale de l’IE afin d’accompagner les entreprises vers une meilleure gestion des informations et une stratégie « bien pensée ».

Vous avez récemment publié aux éditions Lavauzelle un ouvrage intitulé « Renseignement humain, Sécurité et Management ». Quel était votre objectif ?

Ayant l’habitude de faire des fiches et prendre de notes (je lis beaucoup et suis curieux), j’ai profité des innovations en bureautique pour en perdre le moins possible et mettre tout cela en forme puis tenter un plan. Peu à peu, il m’a semblé que cela pourrait intéresser certaines personnes d’autant que dans le même temps l’intelligence économique est devenue une nécessité et une priorité officielle. Alors je me suis dit que je pouvais participer à cet engouement et retransmettre mes savoir faire dans le domaine de l’entreprise et même au-delà, puisque je donne quelques conférences.
Et puis j’ai eu la chance de trouver un éditeur ! Alors j’ai franchi le pas.

Quels sont pour vous les freins à la pratique de l’Intelligence Economique qui existent au sein des entreprises et des administrations?

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